Moins de huit mois après l’arrivée de Dario Vitale à la tête de la création et à peine quarante-huit heures après l’annonce de l’absorption de Versace par le groupe Prada, la maison italienne s’apprête déjà à refermer un chapitre pour en ouvrir un autre. Versace a confirmé le départ de son directeur artistique, effectif le 12 décembre — une décision rapide qui témoigne de la profonde transformation en cours au sein de la griffe milanaise.
L’arrivée de Vitale, en mars 2025, marquait pourtant un tournant pour la maison. Succédant à Donatella Versace, qui avait façonné son identité pendant plusieurs décennies, il s’inscrivait dans un mouvement de modernisation destiné à repositionner la marque à un moment délicat, alors que ses ventes s’essoufflaient et que le marché du luxe traversait une mutation profonde. Donatella devenait pour sa part ambassadrice mondiale, un rôle davantage symbolique qu’opérationnel.
Durant son bref mandat, le créateur n’aura finalement eu le temps de signer qu’une seule collection : le printemps-été 2026, dévoilé en septembre à Milan. Malgré les attentes suscitées par ce nouveau souffle, l’annonce de son départ après une seule saison ravive inévitablement les interrogations quant à la trajectoire créative de la maison.
L’intégration de Versace dans le giron du Prada Group marque un tournant historique. Le rapprochement entre deux maisons italiennes emblématiques, l’une attachée à un glamour ostentatoire et l’autre adepte d’un minimalisme intellectuel, devrait profondément influencer la vision créative à venir.
Le départ de Vitale, si rapide après la reprise, alimente naturellement les spéculations : divergence de vision, changement de stratégie ou volonté d’orchestrer un véritable « reset » créatif pour façonner une nouvelle ère Versace sous la gouvernance Prada.
Le défi pour Prada sera désormais d’orchestrer cette transition sans diluer ce qui fait la singularité de Versace : son audace, son opulence, son identité immédiatement reconnaissable. La nouvelle direction artistique devra trouver un équilibre entre ce patrimoine flamboyant et les ambitions plus structurées du groupe Prada — une équation délicate, mais potentiellement porteuse d’un renouveau majeur pour la maison.
Stef Mitchell. Courtesy of Versace