Garbage revient plus en forme que jamais avec un album incandescent entre colère, élégance et résistance. Du rock enragé, viscéral, et pleinement engagé.
Après No Gods No Masters (2021), salué par la critique, Garbage revient avec force et conviction avec Let All That We Imagine Be The Light, paru chez BMG. C’est dans un monde en plein bouleversement — crise sociale, recul des droits fondamentaux et polarisation politique — que Garbage forge une œuvre où la lumière devient un acte de résistance. Dans un monde assombri par la violence, l’injustice et le chaos, l’imagination, l’art et la conscience peuvent être des sources incandescentes.
Fidèle à son ADN subversif et provocateur, le quatuor mené par Shirley Manson signe une œuvre viscérale, frontale, profondément ancrée dans son époque. Le titre “There’s No Future in Optimism” en donne le ton : un morceau tendu et galvanisant, au message nuancé sur la possibilité de croire encore. Avec “Get Out My Face AKA Bad Kitty”, dévoilé ensuite, Manson canalise toute sa fureur contre le patriarcat et l’effacement des femmes dans l’espace public. Un uppercut sonore qui percute sans détours.

Les guitares angulaires, les rythmes millimétrés et les atmosphères cinématographiques sont portés par la voix magnétique de Manson. L’utilisation de synthétiseurs analogiques insuffle une dimension dystopique à l’ensemble, en écho aux inquiétudes contemporaines.
« Quand on est jeune, on ne remarque pas comment fonctionne le monde » confie Shirley Manson. « Mais avec l’âge, on commence à voir à quel point le système est empilé contre certains d’entre nous. » Ces mots résonnent comme un manifeste, une colère lucide contre les fractures d’un monde inégal. « C’est quelque chose que je ne peux plus tolérer en silence. Ce n’est pas seulement révoltant, c’est alarmant. »
À la fois intime et politique, chaque chanson devient un prisme pour refléter le tumulte du monde et se remettre en question. Let All That We Imagine Be The Light est un album mature, à la fois sombre et lumineux, qui ne nie pas la violence du monde, mais choisit d’en sublimer la beauté. Garbage livre ici une œuvre puissante, sincère et fidèle à son essence.
★★★★☆
Photo by Joseph Cultice.