Les incantations électroniques de Kathryn Joseph dans We Were Made Prey

Kathryn Joseph – WE WERE MADE PREY

Figure respectée de la scène indie-folk écossaise, Kathryn Joseph revient avec WE WERE MADE PREY., son quatrième album studio, paru sur le label Rock Action Records. Connue pour ses compositions dépouillées et ses performances habitées, l’artiste poursuit ici son exploration des tréfonds de l’âme humaine, avec une intensité toujours plus radicale.

Dès les premières mesures de « WOLF. », l’auditeur est happé dans un univers à la fois spectral et organique. La voix de Joseph, à la fois fragile et puissante, s’enlace à des textures électroniques rugueuses. Aux manettes, Lomond Campbell, collaborateur de longue date, insuffle une densité sonore nouvelle., créant une atmosphère hypnotique. Les arrangements oscillent entre minimalisme austère et envolées industrielles, comme sur « HARBOUR.« , où des percussions staccato et des nappes synthétiques créent une ambiance quasi rituelle. Sa voix semble émerger de la brume, entourée de nappes graves et d’aigus lancinants. Le morceau évoque un autre monde, un état de rêve, où l’espoir se mêle au désespoir.

Plus que jamais, Joseph maîtrise l’art de l’équilibre : entre dépouillement et déflagration, entre douleur contenue et éclats mystiques. Chaque morceau, titré en majuscules et ponctué d’un point final comme pour sceller un destin, s’inscrit dans une narration intime et immersive. « BEFORE. » se distingue par sa lente montée en intensité, tandis que « ROADKILL. » offre une méditation poignante sur la perte, l’abandon et la résilience. Si certains morceaux peuvent sembler plus hermétiques à une première écoute, leur puissance émotionnelle se révèle sur la durée.

La cohérence formelle de l’album impressionne. À la différence de ses précédents disques, plus acoustiques, We Were Made Prey. assume pleinement une dimension plus expérimentale et frontale, sans pour autant sacrifier la sensibilité à fleur de peau qui fait la force de son écriture.

Avec We Were Made Prey., Kathryn Joseph signe une œuvre magistrale, d’une beauté brute et désarmante. Un album qui, par sa profondeur émotionnelle, s’impose comme l’un des albums incontournables de l’année 2025.

★★★★☆

Photo Credit: Marilena Vlachopoulou

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