Avec The Bell Tower, Rebekka Karijord dépouille la musique jusqu’à l’essentiel : la voix. Un album audacieux, entre intimité brute et expérimentation sonore.
Dans le vaste paysage musical de la scène contemporaine, très peu d’artistes parviennent à capturer l’attention comme le fait Rebekka Karijord. Avec The Bell Tower, son septième album solo, l’artiste norvégienne s’aventure dans des eaux plus profondes et expérimentales, en dévoilant une œuvre audacieuse et intimiste.
Dès les premières notes, on perçoit à quel point l’artiste ne fait rien comme tout le monde. L’album est une exploration presque totale du pouvoir de la voix humaine, une forme de minimalisme vocal comme moyen d’expression pur et brut. Contrairement à ses précédentes productions, qui incluaient une instrumentation riche et variée, ici, c’est la voix qui domine. À travers des arrangements épurés, chaque morceau semble flotter dans un espace sonore suspendu, où les harmonies se superposent et se dissolvent dans des atmosphères profondément introspectives.
L’album puise son essence dans une collaboration unique avec le département de linguistique de l’Université de Stockholm, spécialisé dans la recherche vocale à l’aide de microphones de contact, captant des sons rares de la voix humaine. Les arrangements expérimentaux amplifient cette approche.
The Bell Tower se veut un album conceptuel. L’artiste y aborde des thèmes de fragilité humaine, d’écologie et de quête de sens : elle nous invite à un voyage émotionnel et spirituel, tout en nous confrontant à des questionnements d’actualité. L’album a cette capacité à ouvrir des espaces sonores inédits, intégrant des textures organiques et numériques, forçant l’auditeur à se concentrer sur l’essence même de la musique.
Audacieux, minimaliste, mais aussi profondément humain, The Bell Tower est l’une des œuvres les plus originales de l’année.
★★★★½
Photo by Martina Hoogland Ivanow